CHEVAUCHEE FANTASTIQUE

La chevauchée n´a de fantastique que son apparence. Je pourrais presque dire qu´en ces seuls mots, j´ai tout dit. La sculpture de la Chevauchée Fantastique est une immense machine vivante qui exprime la modernité. Une machine vivante qui nous aspire et nous rejette, qui plie et se déplie, qui souffle et pousse des cris.

C´est avec son apparence que la modernité nous attire, comme des papillons sous la lumière. Comme toute chose vivante, elle a besoin de se nourrir. La partie supérieure est attirante comme une fleur. Elle joue le même rôle que ces beaux objets moderne. Attirés, nous le sommes. Les jambes dévoilent la machine: un monstre de perfectionnement bionique. La partie mécanique des jambes montre le gigantesque et la puissance.

Pour courir, le métal se déforme sans aucun fracas. Elle court depuis un siècle et a pris le galop depuis vingt ans. Tout ce que ses sabots touchent se déstructure. Le coté fantastique vient de son tempérament, de son coté excentrique et jovial. Il est facile d´imaginer qu´elle int&re;gre tous les perfectionnements de la modernité, devenant elle-même, toujours plus perfectionnée.

Cette machine se nourrit de nous, de nos faiblesses, de ce qui grandit en nous dans la facilité et la docilité. Elle se nourrit de ce qui en nous n´est ni vertueux, ni moral. Elle se nourrit de notre pauvreté à vouloir avoir plutôt que d´être. Elle se nourrit de ce qui nous déshumanise. Elle nous digère; et nous laisse croire... que nous sommes propriétaires de tout un tas de choses... Alors qu’en vérité, nous ne sommes propriétaire que d’un rêve de propriété. Les nations, les agriculteurs et nous autres ne faisons qu’emprunter un morceau de surface le temps de l’ère humaine. La terre n’appartient qu’à l’histoire de l’univers. Finalement, l’humanité a encore beaucoup de chemin à faire pour s’éloigner de son animalité.

Cette animalité que la notion de territoire lui rappelle et que la peur de l’autre impose en système de frontière. Alors qu’en vérité, ce sont les objets qui sont propriétaires des humains. Nous devenons des systèmes de dépendance. Nous ne pouvons plus nous passer de …On nous culpabilise de ne pas avoir l’objet en question, comme tout le monde. Au risque de rester en retrait, en marge. Les marginaux ne sont-ils pas des avant-gardistes? Ceux qui pensent en marge ont acquis la conscience, une autonomie de pensée. Ils font des choix comme tout le monde bien sûr, mais avec une lucidité certaine sur le contexte et ses travers. Ils sont, le plus souvent possible, tournés vers l’humain. Ainsi même et par nature, ils se reconnaissent. Alors qu’en vérité, rien n’est indispensable, on nous le fait croire, c’est la volonté de quelqu’un d’autre. L’objet ne doit pas être acquis comme un gadget. Il doit être acquis comme un outil nécessaire à la construction. L’objet ne doit pas servir à nous égarer. Il doit aider à l’épanouissement, pas à la fainéantise, ni à l’image. Alors qu’en vérité, pour retrouver l’édifice humain, la lenteur est instructive, elle laisse le temps à l’intégration.

Un édifice majestueux ne doit pas se construire vite. L’implication de chacun lui donnera sa force et sa raison d’être, son mystère et sa magie. Ce que laissent les mains sur la pierre est la beauté pour les siècles et les siècles.